Dimanche 6 novembre (Anté-pénultième)

  « Quand viendra le Règne de Dieu ? », demandent les Pharisiens. Pour une fois, les Pharisiens posent une bonne question, que les Juifs de l’époque étaient nombreux à se poser, et que nous ferions bien également de nous poser aujourd’hui. Quand, où, comment se manifestera le RdD ? Adviendra-t-il par notre concours ou sans nous ?

Jésus nous donne la réponse : « Le Royaume de Dieu est parmi (entos)vous ». Mais il y a trois manières de traduire cette préposition entos : « en vous », « au milieu de vous » et « parmi vous ». Chacune de ces traductions correspondent à une conception précise du Royaume de Dieu. Ces différentes visions nous habitent toutes les trois.

I. « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » : la conversion du cœur.

La traduction la plus simple serait de traduire ἐντὸς ὑμῶν par : « Le Royaume de Dieu est en vous », ou encore, « au-dedans de vous » (Colombe). Une foi chrétienne qui insiste sur l’importance de la conversion intérieure, de la recherche sincère du bien et de la vertu, contre l’hypocrisie religieuse voire les institutions ecclésiales. C’est une compréhension de la foi qui s’est épanouie à partir des Lumières, comme chez Jean-Jacques Rousseau par exemple, pour qui Jésus est l’homme qui vit pleinement selon la nature et selon sa conscience, sans se laisser pervertir par la pression que la société exerce en permanence sur chacun. Jésus vit comme tous les êtres humains voudraient vivre, s’ils n’étaient pas égarés par les séductions d’une société qui les a rendus étrangers à eux-mêmes.

II. « Le RdD est au milieu de vous » : la transformation du monde.

On pourrait considérer que cette première traduction à l’inconvénient de faire du Royaume de Dieu une réalité seulement intérieure et privée. On pourrait alors traduire entos par « au milieu de nous » (NBS), pour souligner la réalité matérielle et communautaire du Royaume. Cette compréhension convient d’ailleurs mieux à l’éthique de l’Evangile de Luc, centrée sur une critique de l’argent (Lc 16) et sur une valorisation des pauvres, au sens économique du terme (1,53 et surtout 6,20.24 : « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous. Mais malheureux, vous les riches, car votre consolation, vous l’avez déjà. ») Dans cette compréhension, nous devrons alors œuvrer pour l’avènement du Royaume, en nous engageant dans différentes luttes sociales et/ou politiques.

III. « Le RdD est parmi vous. » : le solus Christus.

  Un dernier indice dans le texte nous permettrait de traduire encore autrement. En effet, Jésus ne se contente pas de dissuader une lecture temporelle et « futuriste » du Royaume, pour en faire un réalité déjà présente. Il centre aussi la notion de Royaume autour de sa personne. Il décrit en effet le jour de l’avènement du Royaume comme le « Jour du Fils de l’homme », c’est-à-dire son jour à lui, puisque l’expression « Fils de l’homme » est la façon dont Jésus se désigne lui-même dans les Evangiles.

Ce geste audacieux nous indique que le Royaume n’est réalisé pleinement ni dans l’être humain vertueux, ni dans l’action sociale et politique, mais dans la personne de Jésus-Christ. Mieux encore, le fait de l’absence, dans notre présent, du Fils de l’homme doit être opposée à toute prétention à l’incarner ici et maintenant. Une telle foi chrétienne perçoit le RdD comme une réalité étrangère au monde, d’une nature toute différente, et qui est en lutte avec le monde. C’est une foi critique vis-à-vis de toute idéologie qui prétendrait incarner le RdD dans un Etat, une Eglise ou un mouvement politique quelconque.

Conclusion.

Chacune de ses visions du Royaume a ses forces et ses faiblesses. Aucune ne se rencontre jamais à l’état pur, elles traversent nos âmes.

Il est bon d’apprendre à se connaître sous l’aspect de notre propre rapport à l’avènement du Royaume de Dieu. Pensons-nous qu’il s’agisse avant tout d’une réalité individuelle et psychologique, ou d’une réalité appelée à s’incarner dans des institutions ? Ce processus d’incarnation relève-t-il de Dieu seul ou bien est-ce que j’y contribue par mon action, et dans quelle mesure ? Cet exercice spirituel peut constituer une pierre possible pour avancer dans notre vie de foi.

Amen.

Mardi 8 Novembre

14h 30 Rencontres seniors

 « Mort et espérance »

20h 00 Conseil presbytéral

Dimanche 13 Novembre

10h 15 Célébration Dominicale

Journée KT à Neuhof

Vendredi 18 Novembre

14h 30 Atelier de vie : « Le Nouveau Testament contre l’homosexualité ? »

REMISE À DIEU

Werner Blaes 80 ans

Louise Boehmler 96 ans